Refus scolaire anxieux, phobie scolaire ? Que faire !
Le refus scolaire anxieux n’est pas un caprice, ni un défi.
C’est une douleur. Une vraie.
Une angoisse qui déborde, qui prend toute la place, et qui finit parfois par empêcher un adolescent de franchir la grille du collège ou du lycée — même s’il le veut vraiment.
Dans ma pratique de thérapeute systémique (et dans mon histoire personnelle), j’ai appris une chose essentielle :
on ne décroche jamais “pour rien”, ni “par hasard”.
Il y a toujours un élément déclencheur. Minuscule pour les adultes, énorme pour l’adolescent. Ensuite, progressivement, se met en place un système : un engrenage redoutablement efficace… et insidieux.
Quand tout bascule : l’élément déclencheur (souvent intime)
Pour certains, c’est une remarque blessante.
Pour d’autres, une rupture amicale.
Parfois, c’est la sensation étouffante de ne pas être “à la hauteur”, “dans la norme”, “comme les autres”.
Et puis, il y a ces peurs précises : un professeur terrorisant, une humiliation, un cours où l’on ne comprend rien, ou même la peur de décevoir ses parents.
Mon propre déclencheur
Dans mon cas, tout a commencé par un premier cours de mathématiques en classe de seconde.
J’étais arrivée dans un “bon lycée” après un collège de banlieue où j’avais eu des notes honorables… sans jamais vraiment travailler. Orientée en seconde C (maths-sciences) parce que j’aimais les animaux et rêvais du concours véto, j’étais persuadée de pouvoir suivre.
Puis le premier jour, arrive Madame Benoit : cheveux bruns frisés, yeux bleus mitraillette, allure impeccable. Elle entre, mains dans les poches, avec la voix ferme de celle qui maîtrise parfaitement son sujet.
« Petite révision », dit-elle.
Elle trace des triangles à grands coups de craie. « Sinus, cosinus… »
À cet instant, un trou s’est ouvert sous mes pieds. Je me souviens du vide, de la sensation de chute intérieure : pour moi, c’était du chinois.
Je me tourne vers ma voisine, qui écrit à toute vitesse. Et là : le vide sidéral. Plus de son. Plus d’image. Je suis propulsée dans la dimension des ignares.
Et puis arrive l’explication : en troisième, mon professeur de maths, souvent absent, n’avait jamais fait le programme de géométrie. Les autres savaient. Moi non.
Et personne n’a envie d’aller à un cours où il n’a aucune prise, où il redoute d’être ridicule, où « les autres, eux, comprennent ».
Personne n’a envie de se sentir nul.
Comment le cercle vicieux s’installe
Pour moi, le système s’est enclenché ainsi :
- d’abord les cours de maths,
- puis la physique,
- puis l’histoire-géo,
- puis… plus rien.
Du lycée au café du coin : glissement invisible
Je partais au lycée.
J’arrivais au café du coin.
Et les journées passaient à perfectionner mes compétences de flipper. Le bruit du “claquage” m’apaisait : il m’anesthésiait, même.
Avec le temps, j’ai redoublé ma seconde dans un lycée moins exigeant. Puis je suis passée en première, puis en terminale, au bénéfice de l’âge, sans vraiment exister dans cet établissement.
Ce dont je me souviens le mieux, c’est…
la boule au ventre, chaque matin.
Une vie parallèle pour ne pas s’effondrer
Au café, entre deux parties de flipper, je lisais Molière, Musset, Shakespeare. Ces lectures étaient mes comprimés : elles anesthésiaient la douleur, celle — inavouable — de ne pas “réussir à y aller”.
Je planquais les lettres d’absence. Je redoutais les bulletins. Je craignais la colère paternelle.
Finalement, je n’ai pas eu mon bac.
Et pourtant…
Sortir de l’engrenage : oui, c’est possible
À 25 ans, j’ai repris ma vie en main :
université, DEA, concours de CPE, puis concours de personnel de direction.
Si je raconte cela, ce n’est pas pour faire une autobiographie.
C’est pour que vous compreniez que le refus scolaire anxieux ne prédit pas un avenir brisé.
C’est une tempête.
Et on peut en sortir — parfois même plus fort.
Faire autrement avec le modèle de Palo Alto
L’approche systémique et stratégique (celle que je pratique, formée par l’école d’Emmanuelle Piquet — Centres À 180° / Chagrin Scolaire et ses livres Te laisse pas faire, Nos enfants sous microscope, Mon ado ma bataille…) repose sur une question clé :
👉 Que fait l’ado, et que fait son entourage, qui — sans le vouloir — entretient le problème ?
Il ne s’agit pas de culpabiliser.
Il s’agit de changer ce qui nourrit le système.
Ce que montrent les recherches cliniques
- Plus on pousse un ado à aller au lycée malgré sa peur, plus la peur augmente.
- Plus on justifie pour lui, plus il perd confiance en sa capacité d’agir.
- Plus on cherche des garanties (“Ça va aller, je te promets”), plus l’anxiété se renforce.
- Plus on protège, plus il se sent fragile.
On ne soigne pas un refus scolaire en ajoutant de la pression.
On le transforme en offrant à l’ado l’opportunité de vivre une expérience différente de lui-même.
Concrètement : comment nous travaillons en thérapie brève ?
- Nous identifions l’élément déclencheur.
- Nous repérons le cercle vicieux.
- Nous examinons ce que chacun a tenté — et qui n’a pas fonctionné (rassurer, forcer, négocier, surveiller, dramatiser).
- Puis nous proposons une manœuvre stratégique sur mesure :
- une expérimentation,
- une tâche paradoxale,
- une action qui redonne du pouvoir,
- une autre façon de voir le problème,
- un geste qui redéploie de la liberté.
C’est chirurgical, subtil et souvent relativement rapide.
Parce que ce sont les interactions qui sont problématiques,
pas l’adolescent.
Parfois, une pause scolaire est nécessaire
Tous les adolescents ne peuvent pas continuer immédiatement.
Et cela ne signifie pas un échec.
Certains ont besoin :
- de respirer,
- de réinvestir une passion,
- de vivre un temps de pause,
- de faire un pas de côté.
Le théâtre : ma planche de salut
Pour moi, ce fut le théâtre.
Il m’a menée vers ma première vie professionnelle : metteur en scène, dramaturge, photographe. Ce détour m’a permis de revenir plus tard aux études et de devenir la professionnelle que je suis aujourd’hui.
Certains jeunes reviennent plus tard.
D’autres empruntent une autre route.
L’important, c’est qu’ils trouvent leur direction, pas forcément celle attendue par leurs parents.
Le refus scolaire anxieux n’est pas une fatalité
Il n’est jamais trop tard pour agir.
Ce qui semble figé n’est qu’un système.
Et un système, ça peut se transformer.
Quand consulter ?
Si votre adolescent :
- a peur d’aller en cours (ou y va la peur au ventre),
- n’arrive plus à franchir la porte de son établissement scolaire,
- somatise le matin (maux de ventre, maux de tête, crises d’angoisse…),
- fuit les conversations sur l’école,
- se sent nul, différent, “pas à la hauteur”,
- ou vit des angoisses qui débordent…
… sachez que vous n’êtes pas seuls, et que des solutions existent.
C’est ce que je fais chaque jour dans ma pratique de coach/thérapeute : accompagner les adolescents et leurs parents pour sortir ensemble de ces souffrances terribles.
N’hésitez pas à prendre rendez-vous : pour un premier avis sur votre situation, une visio de 30 minutes est offerte.
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Pour aller plus loin : voici les questions que les parents me posent le plus souvent au sujet du refus scolaire anxieux. Elles pourront peut-être vous éclairer sur votre propre situation.
❓ Comment savoir si mon ado est en refus scolaire anxieux ?
Un adolescent en refus scolaire anxieux veut souvent aller en cours… mais n’y arrive plus. Maux de ventre, crises d’angoisse, blocage à la porte ou pleurs du matin : c’est le corps qui lâche, pas la volonté.
❓ Que faire si mon enfant refuse d’aller à l’école ?
Surtout éviter de forcer : cela aggrave la peur. L’approche stratégique Palo Alto aide à identifier le déclencheur, comprendre le cercle vicieux et proposer une action sur mesure qui redonne du pouvoir à l’ado.
❓ Est-ce qu’un ado peut se remettre d’un refus scolaire anxieux ?
Oui. Le refus scolaire anxieux n’est pas une fatalité. Avec un accompagnement adapté, beaucoup de jeunes reprennent pied, parfois après une pause nécessaire, parfois en traçant une autre route tout aussi solide.
