Les Silence assourdissant des suicides dans l’éducation Nationale

Dans les couloirs souvent animés de nos établissements scolaires, se cache parfois une symbolique tragique : celle du désespoir qui pousse un individu à choisir son lieu de travail comme théâtre d’un acte définitif et désespéré : le suicide. 

Cet acte, apogée de souffrance, reste bien souvent un tabou, tant pour l’institution que pour ceux qui la composent. 

Un Phénomène Trop Souvent Silencieux

Récemment, la communauté éducative a été secouée par le suicide d’un Conseiller Principal d’Éducation (CPE) au lycée de Hazebrouck. 

Cet acte tragique soulève des questions importantes sur le bien-être des personnels de l’Éducation Nationale. Malheureusement, il ne s’agit pas d’un cas isolé. Des situations semblables se produisent, parfois dans un silence qui accentue  la douleur de ceux qui restent et n’offre aucune réponse sur le mal-être au travail qui n’a pas pu être entendu.

Il y a quelques années, en tant que CPE dans un grand Établissement parisien, j’ai vécu une situation similaire. Un proviseur adjoint avait choisi de mettre fin à ses jours, en se pendant dans l’infirmerie le premier jour des vacances d’été. 

Aucune reconnaissance officielle, pas de soutien psychologique, ni même un simple entrefilet dans les médias. Il a juste fallu que son compagnon libère rapidement le logement de fonction…

Les Chiffres qui Parlent

Il est difficile de quantifier précisément l’impact du stress professionnel sur les suicides dans l’Éducation Nationale ; cependant un rapport de la Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP) indique que le personnel enseignant est particulièrement exposé au stress lié aux conditions de travail. Selon une étude de l’Observatoire National du Suicide (2018), les enseignants présentent un risque de suicide supérieur de 39 % par rapport à la population générale. Ces chiffres ne peuvent pas nous laisser indifférents.

Ne Restez Pas Seul.e

La détresse au travail peut pousser à considérer la mort comme l’unique issue pour échapper à la souffrance. 

J’ai moi-même traversé des moments similaires, et je suis la preuve vivante que le soutien fait toute la différence. 

Ne restez pas seul.e avec vos fantômes. Si cette idée vous traverse, sachez qu’elle est logique néanmoins, d’autres chemins existent. Il est crucial de chercher de l’aide, qu’il s’agisse de proches, de professionnels ou d’associations comme HELPEN pour les personnels de l’Éducation Nationale.

Vers un Changement Nécessaire

Le temps passé au travail doit être une source de satisfaction, non de souffrance. Pourtant, l’Éducation Nationale, avec seulement 77 médecins pour plus de 900 000 employés, peine à instaurer une véritable politique de prévention. Ce constat alarmant doit nous pousser à repenser le bien-être des personnels éducatifs.

Il est crucial de briser le silence et de stimuler un dialogue honnête et constructif. En instaurant des lignes téléphoniques d’urgence et des pôles d’accueil psychologique, nous pouvons collectivement œuvrer à rendre nos institutions plus saines et conviviales. Parler, écouter, agir — tels sont les piliers d’une révolution silencieuse mais indispensable.

Car au final, pour que les élèves se sentent en confiance, ceux qui les encadrent doivent également bénéficier d’un environnement de travail humain et empathique.


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